Cap Nord – Iles Lofoten et Vesteralen, juin 2010
L’idée…
Au départ, ce n’était qu’une idée. Mais mes deux séjours à Stockholm m’ont fasciné. J’ai très envie (mais vraiment) d’aller encore plus au nord. Du coup, l’idée, est de faire un périple en Norvège, depuis le cercle polaire, avec pour objectif le Cap Nord.
Avant le départ
10 jours avant le départ de ce qui semble une sacrée expédition, tout est à peu près OK. Dans une semaine, je commencerai à faire mon sac, en prévoyant des vêtements chauds, imperméables, et aussi des vêtements plus légers. Il fait actuellement une vingtaine de degrés de moins au niveau du cercle polaire par rapport à ici !
Voici, pour commencer, deux cartes qui permettront à mes lecteurs de situer le Cap Nord par rapport à la France et au Pôle Nord, et également, une carte de la Norvège avec le parcours que je me suis défini.
Avant toute chose, quelques données :
Le cercle polaire : 66°33′ de latitude nord. C’est la ligne à partir de laquelle le soleil ne passe en-dessous de l’horizon lors du solstice d’été (c’est donc le soleil de minuit), et à l’inverse, il ne passe pas au-dessus de l’horizon lors du solstice d’hiver (nuit polaire).
Le Cap Nord : en Norvège donc, c’est le point le plus septentrional d’Europe(71° 10′) . Ce point, si situe à la même latitude que l’Alaska et la Sibérie. Le climat y est toutefois bien plus doux grâce au Golf Stream qui passe le long des côtes.
A voir entre ces deux points : les fjords, les îles Lofoten et des paysages splendides (selon les guides et blogs).
Le programme :
Pas simple quand plus de 2000 km séparent Oslo et le Cap Nord ! Il m’a été vivement conseillé de louer une voiture, le grand nord n’étant pas desservi par le rail, et les bus n’y sont pas fréquents. Voilà donc le parcours :
- 14 juin : vol Marseille-Oslo (Ryanair)
- 15 juin : visite d’Oslo
- 16 juin : vol Oslo-Narvik (Norwegian.no). Je passerai le cercle polaire en vol. La nuit n’existera plus. Je louerai une voiture pour rejondre Tromsø le soir même.
- 17 juin : départ pour de Tromsø pour Alta, en Laponie.
- 18 juin : Cap Nord ! Je vais commander le soleil pour cette nuit-là (ça fait bizarre d’écrire ça : le soleil en pleine nuit…)
- 19 juin : retour en Laponie
- 20 juin : retour à Tromsø
- du 21 au 25 : visite des îles Lofoten et des fjords
- 26 juin : vol Narvik-Oslo puis Oslo-Marseille.
Pour m’accompagner dans mon périple
J’ai fini de lire le blog de Samuel Blanc, un ornithologue grenoblois qui est allé passer 15 mois sur la base française Dumont Durville en Antarctique. Il vient de publier un livre, dont j’ai immédiatement passé commande. Ce sera mon livre de voyage. Samuel Blanc m’a envoyé un mail hier soir pour me dire qu’il expédiait le livre très vite pour être certain de l’avoir sur – je le cite – « les terres du nord ».
Son aventure est passionnante. Vraiment. Voici ses liens :
L’aventure commence ! Voici le récit de mon périple, au jour le jour.
Chapitre 1. 10 000 m d’altitude, direction Oslo
14 juin 2010. J’y suis. Je suis dans l’avion qui m’emmène à Oslo. Depuis le mois de septembre dernier, je prépare ce voyage. L’objectif est de découvrir ces terres froides qui sont à la fois inhospitalières et merveilleuses. Tous les récits que j’ai pu lire au sujet de ces endroits isolés sont passionnants. Alors c’est parti. Dans quelques heures, je poserai le pied sur les terres de Norvège.
Il y a 10 mois, je rentrais à peine de Stockholm. Une ville fascinante qui m’a beaucoup intrigué. Du coup, j’y suis retourné cet hiver. Voir la mer Baltique gelée, les lacs recouverts d’une épaisse couche de neige, voir comment les habitants vivent avec ce climat rude. Tout ça n’a fait que confirmer mon intention d’aller encore plus au nord.
Pourquoi partir à cette date ? J’en ai déjà beaucoup parlé. Tout simplement pour vivre le solstice d’été au nord du cercle polaire. 24 heures d’ensoleillement par jour ! Il faut le vivre. 10 mois que je rêve de ce voyage. Aujourd’hui, je réalise ce rêve.
Chapitre 2. Oslo
15 Juin. Arrivé hier soir à Oslo à une heure tardive. L’aéroport utilisé par Ryanair se trouve à 160 km du centre de ville ! Le transfert en bus a donné un petit aperçu de la Norvège. L’auberge de jeunesse a été facile à trouver et très proche de la gare routière. Toutefois, dans la chambre où je me suis retrouvé, tout le monde était couché. J’ai essayé de ne pas faire trop de bruit en m’installant.
Au petit matin, je découvre Oslo. La capitale norvégienne de 600 000 habitants seulement ne mérite pas un voyage dédié. Mais lors d’un transit, comme c’est mon cas, on y trouve de très jolies choses. J’ai pu admirer l’opéra moderne ouvert en 2008, le palais royal et ses jardins, des statues et sculptures à tous les coins de rue, le tremplin de saut à ski, le plus haut du monde paraît-il, et bien sûr, le calme du centre ville à l’instar de Stockholm. Il n’y a pas à dire, mais le péage automobile à l’entrée des grandes villes, ça a du bon ! Moins de pollution, du silence, de la sécurité, du calme, et donc, moins de stress.
Ce soir, je compte profiter de la lumière du coucher de soleil (vers 23h ici). C’est mon dernier coucher de soleil avant 10 jours ! Demain matin, je franchi le cercle polaire.
PS : bonne anniversaire Céline !
Chapitre 3. Le froid et la pluie
16 juin. Décollage d’Oslo à 09h. Je franchi le cercle polaire sans bruit et sans incident, en vol. Arrivée à Narvik-Evenes 1h30 plus tard. L’aéroport est désert. Une fois que le Boeing 737 de la Norvegian airlines a coupé ses moteurs, il régnait une ambiance de bout de bout du monde. Silence. Un décor surréaliste. Trois gouttes de pluie et un ciel plus que chargé. *** un américain débarque dans la chambre au moment où j’écris ses lignes. Il nous raconte son aventure pour arriver jusque là. *** Je reprends mon récit. Le paysage, bien qu’assombri, est magnifique : des montagnes sortent de l’eau, enneigées. Il fait 9°C. Je récupère la voiture de location qui m’attend. La pluie tombe. Je commence ma route vers Tromsø, ville du bout du monde, assez jeune car universitaire. Ce soir, je m’interroge encore sur « comment peut-on vivre ici ? » Après avoir bien galéré pour trouver l’auberge de jeunesse, je peux enfin me poser. Je suis crevé ce soir. Je retourne en ville pour dîner. Au retour, je découvre, en guise de bienvenue dans la ville, un PV sous mon essuie-glace. Comme tout est écrit en norvégien, je ne sais même pas ce qu’on me reproche. Cela dit, je n’ai pas payé le parking. Ce serait donc encore payant à cette heure-ci ? Je traiterai ça plus tard.
L’auberge de jeunesse. A Oslo, j’étais avec 2 suédoises qui font leurs études ici. On a pu discuter un peu hier soir. Elles sont très sympas. Ce soir, à Tromsø, je suis dans la chambrée d’un allemand (retraité) qui fait un long périple en vélo, et un étudiant américain, qui se « promène » en Europe, en fonction des billets de train ou d’avion qu’il trouve au rabais. Ce soir il est là, demain soir il a un autre vol pour Oslo. Là, il arrive d’une petite ville au nord de la Suède. Il y a aussi un français, que je n’ai pas encore vu. En fait, il y a tout un groupe de français dans la cuisine. Ils sont venus faire le Marathon de minuit qui se court samedi. J’ai beaucoup discuté avec l’allemand et l’américain. C’est fou comme je peux faire des progrès en anglais. Guillaume m’envoi le bulletin météo de demain : « pluie en Laponie ». Il faudra faire avec.
Chapitre 4. Le brouillard
18 juin. Pas de journal de bord hier. Trop fatigué. 450KM à contourner les fjords, à un allure moyenne de 70 km/h. La vitesse est très limitée et les arrêts « photo » fréquents. Surtout quand le soleil pointe le bout de son nez, les couleurs et les contrastes des paysages sont magnifiques. J’ai planté ma tente pour la première fois à Alta, aux portes de la Laponie. 10°C, ciel dégagé. La nuit a été ensoleillée ! Quelques gouttes au réveil. Direction le Cap Nord. La route est surréaliste. Il semble que la nature ait oublié les finitions. Il n’y a pratiquement aucune végétation. Pas un arbre ne pousse. Pas un arbuste, ni même une petite fleur. Tout juste de l’herbe rase et de la mousse broutées par les rennes dont j’ai vu les premiers spécimens hier. La route entre Alta et le Cap Nord est très bonne et faite de longues lignes droites. Je m’arrête déjeuner à une quinzaine de km du cap. Il fait 4°C. Un petit vent glacé souffle. Et de gros nuages menaçants… Un panneau indique le lieu imprononçable du véritable cap nord. Il faut laisser la voiture sur un petit parking à gauche de la route (comme c’est indiqué sur le guide du routard), et faire 9 km à pied. Analyse de la situation : il fait froid, le temps est très menaçant, et on distingue du brouillard au loin. Le terrain est accidenté et marécageux. Bien que m’ayant exercé à la marche ces derniers temps, je ne recherche pas l’exploit à tout prix. Je renonce donc à faire cette marche, et continue ma route vers le site touristique du Cap Nord. Après un racket de de 215 couronnes, soit près de 30 euros, j’accède au site. Et bien sachez-le, dans un voyage, il y a pire que la pluie : le brouillard ! On n’y voit pas à 20 mètres. Je traverse rapidement le complexe touristique fait de boutiques souvenir, de café et restaurant… pour me diriger vers la pointe tant convoitée. Le brouillard est tel, que je ne distingue même pas le fameux globe qui symbolise le site. Je suis donc le fléchage. Enfin j’y suis ! Mais quelle déception de ne rien voir de la vue. Je suis au bord d’une falaise de plus de 300 mètres de haut avec à 2000 km de là, le pôle nord géographique, et je vois à peine mes pieds… Une longue réflexion commence. Que faire ? Je commence par prendre un café. Je visite le complexe. Discute avec des touristes tout aussi dubitatifs. Eux décident de camper sur le parking. Je demande conseil à la serveuse du bar. « croyez-vous que le brouillard va se lever ? ». Réponse : « may be. We can’t say ». Réponse de normand. En me promenant aux abords du site, je vois un cycliste planter sa tente. Ding !!! une étincelle (oui, mes étincelles font « ding »). Et si j’en faisais autant ? Après tout, j’avais prévu de passer la « nuit » au Cap Nord. Avec un peu de chance, le soleil de minuit peut me faire une fleur. Minuit c’est dans longtemps. Il n’est que 15 heures. Je suis abordé par des gens de Royan qui ont vu mon petit drapeau tricolore sur mon sac à dos (bonne idée ce drapeau). On discute longuement, et pour une fois, en français donc. Eux prennent la même décision que moi. Ils me proposent leur aide si j’ai besoin de quelque chose pour me nourrir par exemple puisqu’ils sont en camping car. Très sympa ! Cela dit, j’ai tout ce qu’il faut. Je vais visionner un court métrage au ciné du complexe. Très frustrant de voir sur un écran ce que je ne peux pas voir devant moi. Un nouveau café au salon panoramique, et d’un coup, je vois l’eau ! Je vois l’océan. Cet océan arctique (ou Mer de Barents pour les puristes). J’avale mon café d’une traite, enfile mon blouson et ma casquette sous le regard amusé du barman qui a dû lire dans mon attitude un Hallelujah ! Je retrouve mes compatriotes près du globe dehors. « on vous cherchait ! Vous voyez, on a pris la bonne décision ! » me disent-ils . C’est l’euphorie. On se fait des photos les uns les autres. C’est un instant magique. Les falaises se dégagent et offrent toute leur grandeur et leur symbole. Le bout de l’Europe. J’en ai encore la chair de poule alors que je tape ce récit sur mon site.
J’en prends plein les yeux. L’appareil photo en main, j’essaie de photographier tout ce que je vois. A quelques centaines de km de là seulement, le Groenland, le Spitzberg, et à un peu plus de 2000 km plein nord : le pôle. Un paquebot croise au large. Comme cette côte doit être belle vue de la mer. Ces terres rocheuses, totalement dénudées. Ca ressemble donc à ça le bout du monde !
Petit moment d’amusement avec d’autres touristes de Rouen cette fois-ci. Je demande « il est où d’ailleurs le nord ? ». 3 individus, 3 réponses différentes… Nous analysons la position du soleil… pas clair. Je retourne dans la boutique où j’avais vu des boussoles. Nous avions tous les 3 faux ! On ne s’inscrira pas à Koh Lanta.
Je me suis réchauffé en écrivant ces quelques lignes à l’intérieur du complexe. Je peux donc retourner admirer ce paysage et attendre minuit en espérant que le ciel soit totalement dégagé.
Chapitre 5. Le Cap Nord dans la tête
19 juin. Je crois que je me souviendrai longtemps de ce 18 juin 2010. La déception de l’après-midi, arrivant au Cap Nord dans le brouillard, est balayé par la splendeur du paysage une fois la vue dégagée. C’est un peu comme si le soleil voulait se faire attendre, et nous faire la surprise de minuit. Seuls les patients auront pu voir ce soleil de minuit. Le ciel était toutefois encore chargé, et le soleil trop haut dans le ciel pour le voir. Nous avons pu voir son reflet dans l’eau, et ces rayons qui nous donnaient une bonne idée de la hauteur à laquelle il est à cette période de l’année. Je peux donc le confirmer, le soleil ne se couche pas. Et il fait parfaitement jour
en pleine nuit. Je crois que tout ceux qui avaient attendu tout l’après-midi étaient heureux de cet instant. Je n’ai pas revu la dame qui me racontait : « vous savez, avec mon mari quand on est arrivé et qu’on a vu ce brouillard, et bien j’en pleurais… ». Peut-être a-t- elle encore pleuré en voyant ce spectacle de la nature…
Aujourd’hui est une journée à oublier. J’ai très mal dormi (camping sauvage sur le parking du Cap Nord, comme beaucoup de monde). Il a plu toute la nuit et la température est descendue à 3,5°C. Entre le froid et le bruit de la pluie sur la tente, difficile de fermer l’oeil. Je prends la route dès 8h et jusqu’à ce que j’arrive à Skibotn, il a plu. D’ailleurs, il pleut encore. Journée à oublier aussi pour ses petits tracas : ça a commencé avec mes chaussures de marche que j’avais laissé dehors pour la nuit, et qui se sont retrouvées sous la pluie
Elles sont donc trempées. Bravo. Ma carte bancaire est bloquée et je n’ai presque plus de monnaie. Avec l’aide de Guillaume sur qui je m’appuie en back office, j’appelle ma banque (nous sommes samedi). Tout rentre finalement dans l’ordre dans l’heure. Profitant d’une éclaircie, je m’arrête faire une photo sur un petit port de pêche. Je glisse sur un rocher mouillé, et me vautre royalement ! La hanche, le coude et l’épaule gauche percutent lourdement le sol. Un peu sonné, et ne pouvant plus bouger mon bras gauche, il me faut quelques minutes pour constater que je vais finalement bien. Mon bras retrouve sa sensibilité petit à petit. Je peux donc retourner à la voiture, pas fier, avec quelques éraflures et une bonne douleur à l’épaule. L’appareil photo me fait des siennes. Une option bien utile ne fonctionne plus. Je me débrouillerai sans
Ce soir, je campe donc dans la petite bourgade de Skibotn. Il y a une cuisine à disposition. Je m’y installe pour faire à manger, préparer ma journée de demain, charger les batteries de téléphone et appareil photo, et bien sûr écrire ces quelques lignes sur mon cahier. Amis lecteurs, bonsoir !
Chapitre 6. « Moment of life in the end of the world »
20 juin. Bonne nuit ! J’ouvre les yeux (enfin, j’enlève mon bandeau, indispensable pour avoir l’impression qu’il fait nuit), il est déjà 9h30 ! J’ai rattrapé mon retard sur le sommeil. Malheureusement, il pleut toujours. Je prends la route. La pluie cesse lorsque j’arrive sur les îles Lofoten. Le paysage est extraordinaire. Le ciel s’est éclairci. J’ai envie de m’arrêter chaque minute pour faire une photo. Vers 18h, j’arrive dans une petite ville qui s’appelle Svolvær. Je m’y arrête quelques minutes et continue en direction du sud. Je campe à Kabelvåg. Petit camping super. Peu de monde, petite plage, tout ça dans un fjord. Et le soleil qui vient me narguer quand je monte ma tente. Ah te voilà toi ! Le reste de ma soirée, je la passe avec un allemand qui vient visiter les fjords
en canoë ! On a longuement discuté : voyages, Norvège, photo, botanique et lecture. Il a tenu à prendre les coordonnées de Samuel Blanc, dont le livre m’accompagne dans ce voyage. Peut-être son site internet peut être traduit en anglais. D’ailleurs, comment traduire le titre du livre : « instants d’une vie au bord du monde » ? Attention, je n’ai ni dico, ni internet pour m’aider. Je suis arrivé à « Moment of life in the end of the world ». Il a compris le sens en tout cas. 23h10, le soleil vient de passer derrière les montagnes et le ciel bleu est toujours partiellement visible. Mercredi soir, je devrais être du côté ouest de l’île. J’y verrai (si la météo le veut bien) le soleil de minuit.
PS : Bonne fête Papa !
Chapitre 7. Haukland beach
21 juin. C’est l’été. Tout du moins, sur le calendrier. Je ne sais pas quelle météo il fait en France, mais ici, sur les Lofoten, c’est un éternel recommencement, même si, j’ai eu droit à beaucoup moins de pluie, et même un peu de soleil. Du coup, je suis allé visiter deux petits villages de pêcheurs. Tout en couleur, dans l’anarchie architecturale. Très naturel. J’ai ensuite continué ma route vers le sud de l’île. Impossible de trouver un camping dans ce coin. Donc ce soir, je fais du camping sauvage sur la plage d’Haukland. Sable blanc et mer turquoise ! Je n’ai pas encore mis le pied dans l’eau. Je cite le guide du routard à propos de cette plage : « entrez dans l’eau en courant ; accroupissez-vous ; sortez en courant. Ceux qui n’y vont pas sont des petits kikis, et ceux qui y vont
aussi. Ils sauront pourquoi ». J’ai la nuit pour réfléchir.
PS : les bleus font la une ici ! Faisant quelques courses ce matin, j’ai vu la une d’un quotidien norvégien : « Skandale – Opprøret » (scandale – rébellion) avec une photo de l’équipe de France de foot. J’ai demandé la traduction du titre à la vendeuse du magasin, qui s’en amusait
Et là, je pense à mon petit drapeau tricolore accroché sur mon sac, dans mon dos
J’aurai aimé qu’il ait une autre image.
Chapitre 8. Le sud des Lofoten
22 juin. Et bien, je m’en souviendrai de cette plage d’Haukland. Début de soirée agréable. Malgré le vent, je monte mon tente tranquillement et installe mes affaires. Après dîner, je vais lire un moment, puis vers 22h30, n’ayant pas sommeil, je me couvre chaudement et pars faire une marche. C’est curieux de voir que les animaux ne se couchent pas. Les moutons broutent et les mouettes et autres goélands chassent. Retour à ma tente 2 heures plus tard. La pluie recommence à tomber et le vent se renforce. Ce dernier se renforce tellement que vers 2h du matin, des bourrasques secouent violemment la tente. Je sors vérifier et renforcer les attaches, mais une demi-heure plus tard, la situation est critique. La tente menace de céder. Je décide de tout plier et de me réfugier dans la voiture. C’est ainsi que j’ai passé la nuit, emmitouflé dans mon duvet, dans la voiture, où j’ai réussi à dormir quelques heures dans un confort relatif. J’ai quand même pu constater que les moutons étaient toujours en train de brouter à 3h du matin. C’est con un mouton : tant qu’il n fait pas nuit, il broute. Jusqu’à épuisement je suppose.
Au petit matin, j’ai vu que ma voisine, une cycliste allemande avec qui j’avais discuté un peu la veille (et en français s’il vous plaît), avait déserté les lieux tout comme un camping car qui lui, était stationné en plein vent. Ce matin, il pleut sans discontinuer. Les températures si situent toujours autour des 7°C.
Il est presque 17h. La pluie ne s’est pas arrêtée de la journée. Je suis descendu jusqu’au sud des Lofoten. Malgré le temps exécrable, j’ai visité le petit village plein de charme de Å (prononcez Ô). On peut y observer des centaines de mouettes nicher sur les bâtiments, les unes presque collées aux autres. Je ne sais pas bien si la première activité de ce village est la pêche ou bien le tourisme, tellement les bus et autres camping-cars sont nombreux, et les boutiques de souvenir et musées en tout genre sont présents. Je fais un stop à Reine, petit bourg moins touristique mais non moins charmant. Tous ces villages sont entourés de falaises vertigineuses sur lesquelles ruissellent de grandes cascades d’eau, se jetant dans la mer. Si seulement le soleil pouvait percer un peu, les couleurs seraient, j’en suis sûr, merveilleuses.
Ce soir, je suis épuisé. Epuisé par la nuit dernière agitée. Epuisé par la pluie. Je viens de trouver une Auberge de jeunesse qui était sur ma route. Ils ont encore de la place. Ce soir, la toile de tente restera dans la voiture.
Ah oui, l’équipe de France de foot joue ce soir. Il n’y a pas de TV ici. J’ai entendu un joueur parler (en anglais) sur la radio « Norge ». Il réclame la démission des membres de la fédération, trop vieux selon lui. Ce matin encore, un quotidien en faisait sa une.
Et aussi, un goéland est venu s’amuser avec moi au détour d’un arrêt photo. Il m’a laissé l’approcher à environ 3m pour que je le prenne en photo (ça doit être la star des goélands du coin). Si je m’approchais trop, il changeait de rocher puis attendait que je revienne. Il faut peu de choses pour s’amuser.
Chapitre 9. Quand un autre bout du monde surgit…
23 juin. Excellente nuit dans cette AJ. Il s’agit d’une ancienne maison de pêcheurs, très typique, très rustique. Génial. J’étais malheureusement trop fatigué pour rejoindre les colloc dans la cuisine. Je leur ai simplement fait un petit coucou. Il y a beaucoup d’Allemands apparemment.
Ce matin, j’ai prix le temps de me préparer et prendre mon petit déjeuner avec deux norvégiennes d’Oslo venues passer quelques jours de vacances ici. Elles ont rapidement deviné mes origines françaises simplement en voyant la composition de mon petit déjeuner : brioche, jus d’orange, fruit et café. Pour elles, c’était plutôt salami, pâté…
Cet après-midi, je remonte un peu au nord, sur les îles Vesterålen. Incroyable comme le moral peut passer de moyen à excellent. Il a plu une bonne partie de la matinée et même un peu en début d’après-midi. Vers 16h, suis arrivé dans un autre bout du monde. Dans le village de Nyksund. Une longue route étroite et sinueuse en bas d’une falaise y mène. Quelques moutons encombrent parfois le passage. Après 11 km, me voilà dans ce village qui a été totalement déserté il y a une trentaine d’années. Aujourd’hui, il renaît avec ses 16 habitants, ayant fait le pari d’y attirer les touristes. On est loin des hordes de camping-cars des Lofoten, et c’est tant mieux, mais il y avait tout de même un quinzaine de personnes. Ce qui double la population ! Comment décrire ce village ? Tout d’abord, on sent vraiment cette ambiance d’abandon. Il s’agissait d’un village de pêcheurs (encore un). On y trouve un chenal avec des pontons à 2 niveaux, des hagars sur pilotis. Les peintures défraichies, les mouettes nichées un peu partout sur les rebords des fenêtres, des vieux outils rouillés… Tout ça n’a « que » trente ans d’abandon. On y trouve ci et là des bâtiments restaurés qui permettent d’accueillir les visiteurs : café-restaurant-chambres. Bien que le ciel se soit éclairci et que le soleil se laisse deviner, il faut toujours aussi froid. Mais seules mes mains souffrent. je n’ai pas de gants et de toute façon, j’ai toujours une photo à faire! Le « hot chocolate » était extra ! Je me suis renseigné sur le prix des chambres dans ce village, afin d’y passer la nuit : 400 couronnes (NOK). C’est un peu cher. En comparaison, l’AJ d’hier m’a coûté que 135 NOK. et en camping c’est environ 120 NOK. Vers 19h, je reprends la petite route sinueuse et « moutonnées » dans le sens inverse. On comprend que les habitants soient partis. Comment vivre si loin de tout ? Cela dit, quand je repense à la route du Cap Nord… Ce soir, 8°C au thermomètre, il ne pleut plus. J’ai trouvé un petit camping près de Myre. Je profite de la cuisine chauffée pour dîner, écrire ces mots et lire un peu. Samuel Blanc et son récit sont toujours là, à me faire rêver à d’autres aventures…
PS : un néerlandais, mon voisin de camping, m’a dit qu’il ferait beau demain. Allez, j’y crois !
Chapitre 10. LA journée ensoleillée tant attendue
24 juin. J’ai bien fait d’y croire ! Il n’a donc pas plu depuis hier après-midi. Nuit totalement sèche. Le froid m’a toutefois réveillé à plusieurs reprises, le vent passant par les aérations. Pour les prochaines aventures, il faudra que je trouve un système pour fermer ça. L’absence d’obscurité la nuit ne me gêne plus. Depuis quelques nuits, je ne mets plus mon bandeau sur les yeux.
Ce matin, le ciel, bien que toujours très chargé, laisse apparaître le soleil et quelques coins de ciel bleu. Au fond des fjords, l’eau sans aucun mouvement,dû à l’absence de vent, ressemble à un véritable miroir dans lequel se reflètent montagnes, cabanes de pêcheurs et autres bateaux. Un rayon de soleil et tout ce décor s’illumine. Quelle splendeur !
22h30. Quelle belle journée ! Une journée qui fait oublier les plus mauvaises de ces derniers jours. J’ai traversé des paysages magnifiques (je vais finir par manquer de qualificatifs), longé des fjords plus beaux les uns que les autres. Mon appareil photo n’a pas chômé. Ce soir, j’ai fait de nombreux km pour arriver à trouver un camping pas trop loin de l’aéroport. Je suis quand même à 50 km, à Harstad. Demain, je dois rendre la voiture à 11h à l’aéroport. A partir de là, je serai piéton. Avec mon gros sac à dos, je tâcherai de trouver un coin tranquille pour passer l’après-midi à me reposer, et idéalement pour planter ma tente pour ce qui sera ma dernière nuit ensoleillée. J’ai bon espoir que le ciel reste clair demain. Je repasserai le cercle polaire en direction d’Oslo puis Marseille, samedi. D’ici là, je vais monter à quelques km au nord de Harstad pour admirer le soleil de minuit.
Chapitre 11. Soleil de minuit. L’aéroport est à moi !
25 juin. En septembre dernier, j’avais pensé à ce voyage vers le rebord du monde. Il y a quelques mois, j’avais défini les dates : autour du solstice d’été pour voir le soleil de minuit. Depuis mon arrivée dans ce « Nord », la météo ne m’avait pas permis de voir ce fameux soleil de minuit. Hier soir, ciel dégagé de tout nuage. Un ciel magnifiquement bleu. Vers 23h, je prends la voiture, contourne les massifs qui encerclent la ville d’Harstad, et viens me planter au bord d’une plage, face au soleil. Et attendre… Je crois que je ne pourrai pas mettre de mots sur ce que j’ai pu ressentir. Le soleil, plein nord ! Il faut être là, au-delà du cercle polaire pour assister à ce spectacle de la nature. La lumière environnante est comparable à une soirée d’été, vers 20h sous nos latitudes. Une lumière un peu orangée. Je suis resté plus d’une heure sur cette plage, où beaucoup de monde était présent également. C’est donc vers 1h du matin, sous un soleil radieux, que le me suis couché.
7h. Le réveille sonne déjà. quelques nuages sont montés ne laissant plus apparaître le soleil, comme pour me faire croire que j’avais rêvé. Mes photos sont là pour attester le contraire. Je reprends la direction de l’aéroport d’Evenes pour rendre la voiture après avoir parcouru quelques 3300 km sur ces routes du nord. Elle m’aura été bien utile cette voiture.
L’aéroport est, par principe, à l’écart de tout. Mais je décide d’aller au bord de l’eau (mer de Norvège toujours) pour y passer la journée et, pourquoi pas, une partie de la nuit. 1h30 de marche avec mes 2 sacs à dos. J’ai dû sortir le poncho à cause d’une averse. Arrivé sur place, le soleil m’y attendait. Il chauffe même ! Après-midi repos. J’ai discuté avec des touristes français ce matin à qui j’ai donné ma bouteille de gaz que je ne pouvais prendre avec moi. Nous avons parlé de Norvège et de ces latitudes. Comme disait la dame « celui qui veut se reposer au soleil, il va aux Seychelles ; ici on vient trouver autre chose ». En tout cas, pour l’instant, j’y ai trouvé la nature à l’état brut et des gens très agréables.
Voilà quelques heures que je suis sur ce bord de mer, à lire au soleil, et je me rends compte que la mer de Norvège est soumise aux marées. Pourquoi en serait-il autrement d’ailleurs puisque ce n’est pas une mer fermée. Elle s’est retirée d’une vingtaine de mètres. Ce qui est quand même très peu. Et là, il faut le voir pour le croire : deux nanas viennent de débarquer sur la plage, se retrouvent en maillot de bain (plutôt léger le maillot d’ailleurs, bref…) et entrent dans l’eau comme le conseillait le guide du routard, mais en criant en plus. Elles sont allées se baigner plusieurs fois dans l’après-midi. Oh pas longtemps à chaque fois certes, mais bon, moi qui ait simplement fait ma vaisselle dans cette eau tout à l’heure (oui, je n’ai pas l’eau courante dans mon sac à dos, alors on se débrouille…), et bien j’avais les doigts bleus à la fin !
Finalement, sur les coups de 16h, de nouveaux nuages menaçants commencent à monter. Décision est prise de ne pas camper au bord de ce fjord, et de regagner l’aéroport avant la pluie. C’est donc parti pour une nouvelle marche d’1h30 dans l’autre sens.
18h. Je suis désormais dans ce tout petit aéroport très calme. Cette soirée annonce la fin du séjour. Ambiance amusante : le tableau des départs est maintenant vide. L’équipe sécurité et les serveuses de la cafétéria sont partis en me saluant. Il faut dire que je suis installé dans un petit coin depuis maintenant 2 heures, mon livre à la main. Les comptoirs d’enregistrement (5 en tout et pour tout) viennent de s’éteindre. Il reste encore 2 vols à arriver. A partir de 23h30, il n’y aura donc plus aucune activité ici. On m’a dit que je pourrai probablement rester à l’intérieur jusqu’à demain matin. Mon vol pour Oslo est à 6h50.
L’avant dernier vol arrive d’Oslo. Il doit y faire beau et chaud puisque les passagers sont en short et t-shirt. J’ai eu mes parents au téléphone tout à l’heure, qui m’ont dit que le thermomètre a dépassé les 30°C chez eux, soit environ 20°C de plus qu’ici. Je redoute le choc thermique demain soir.
00h30. Le dernier vol est arrivé avec du retard, et l’aéroport est maintenant totalement désert. Les bornes d’enregistrement automatique ont été réinitialisées, prêtes pour demain. Je n’ai aucune envie de dormir. Je n’ai d’ailleurs pas sommeil. Profiter du jour jusqu’au bout. Demain soir, il fera nuit. La nuit que je ne connais plus depuis le 16 juin.
Dehors, le ciel se dégage. Il n’y a pas eu de soleil de minuit, mais je sais qu’il est bel et bien là, plein nord. Au fond du fjord qui jouxte l’aéroport, un brouillard est en train de se former. Au moment où je m’apprête à sortir voir le ciel, un agent de sécurité, surpris de ma présence dans un premier temps, m’informe que je peux rester au chaud, à l’intérieur de l’aérogare. Toutefois, il me prévient que si je sors, je ne pourrais plus rentrer après… J’ai bien compris le message. Je rentre, et j’y reste ! Je profiterai du jour au travers des vitres. L’aéroport ouvre à 5h me dit-il. J’ai terminé le livre de Samuel Blanc. Passionnant.
PS : je viens de réaliser que les gardiens de nuit n’ont pas travail dans ces latitudes à cette période de l’année. Dans le conte musical « Le Soldat Rose », Louis Chédid a écrit « gardien de zoo c’est pénard, c’est pas souvent que les pingouins se barrent. Mais gardien de nuit, c’est beaucoup plus compliqué, la nuit fini toujours par s’échapper ».
Chapitre 12. Sur la route du retour
26 juin. 4h45. Le service de sécurité de l’aéroport vient d’ouvrir les portes. J’ai donc passé la « nuit » (disons de 00h30 à maintenant) tout seul dans cette aérogare. Je ne sais pas si j’aurai pu faire ça en France. Il est probable que je me sois retrouvé dehors. Mais ici, la discipline générale, la confiance et la sérénité font que ce genre de procédé est tout à fait normal. Du coup, j’ai quand même dormi 2 petites heures, allongé sur les sièges dans le hall. Le personnel commence maintenant à arriver. J’aurai presque pu leur préparer le café. En tout cas, une chose est sûre, c’est que j’étais le premier enregistré sur le vol !
10h. Me voici donc de retour à mi-chemin entre le Cap Nord et Marseille : Oslo. Il fait très beau et chaud au soleil. Je précise « au soleil », puisque comme à Stockholm, le fond de l’air est frais. Je viens de me poser sur le parvis de l’opéra que j’avais trouvé superbe. La vue y est très belle. C’est donc ici, à Oslo, que l’aventure avait commencé il y a seulement 12 jours. C’est ici qu’elle se termine aussi. J’appréhende toujours ces retours. La tête pleine d’images, de gens, de souvenirs en tout genre, et surtout, enrichi d’une belle aventure. Il me reste encore quelques heures pour en profiter. Cette nuit quasi-blanche qui m’a bien amusé, m’a quand même bien cassé. J’ai du mal à garder les yeux ouverts. En plus, j’ai très mal aux hanches. Il faut dire que ma petite balade d’hier après-midi avec plus de 20 kg de sacs à porter ont laissé des traces. Je traîne encore ces sacs à Oslo. Chaque pas est un effort. Mais ça me tient éveillé ! Toutefois, les 25°C affichés ici en ville me donnent bien chaud. Je transpire à grosses gouttes. Je retourne sur le parvis de l’opéra.
20h. Je suis dans l’avion du retour. Celui qui met définitivement un terme à cette aventure. Et comme prévu, c’est à reculons que je monte dans cet avion. J’ai l’impression d’être parti 1 mois, tellement la coupure avec mon quotidien était grande. Ce voyage était un rendez-vous avec la nature et les éléments. J’ai hâte de trier et regarder mes photos. J’en ai fait 900 ! Il est trop tôt pour faire le bilan de cette expédition. Je le ferai, mais avec quelques jours de recul.
En attendant, et comme à la fin de chaque voyage, je sais que dans quelques heures, au moment où cet avion se posera sur le tarmac de Marseille, tout va s’accélérer. Le quotidien va revenir. Le rythme des vacances pas tout à fait ordinaire sera bel et bien derrière moi. Les jours qui viennent vont être chargés. Défaire mon sac, laver et ranger mes affaires, m’occuper de mon jardin qui a dû pousser, trier mes photos et mettre à jour mon site internet. et bien sûr je reprends le travail dès lundi. Il me faudra aussi m’acclimater.
Les rencontres
Durant ce périple au bout du monde, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde, venus de tous pays, de tous horizons. Mes progrès en anglais m’ont permis d’échanger sans trop de difficultés avec tous ces gens.
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deux étudiantes Suédoises à l’auberge de jeunesse d’Oslo
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un étudiant américain et un cycliste Allemand à l’AJ de Tromsø
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des gens de Rouen au Cap Nord, à qui je dois envoyer une photo (malheureusement pas très bien réussie, j’en suis vexé)
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des gens de Royan au Cap Nord
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un couple de motards de la Fare des Oliviers (pas très loin de chez moi) dans une station service
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une retraitée Danoise au Cap Nord, qui voulait que je prenne des fleurs en photo.
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un Allemand, visitant les fjords en canoë, au camping de Kabelvåg
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une cycliste Allemande, francophone, sur la plage d’ Haukland
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des Tourangeaux au camping d’Harstad
En vrac
Je ne sais pas si toute la Norvège est comme ça, mais dans le nord, la « pollution visuelle » n’existe pas. Je n’ai vu aucun panneau publicitaire, comme ceux qui dénaturent nos villes et nos campagnes ici. Cela n’empêche pas de sortir la carte bancaire à tout bout de champ.
Le code de la route est strictement respecté. Et parfois, c’est dur ! Je crois que le montant des amendes est assez dissuasif.
Il y a très peu de jeunes gens dans le Nord, hormis à Tromsø et Harstad qui sont de « grandes » villes.
Températures durant mon séjour : de 3°C à 13°C dans le nord. 25°C à Oslo.
3300 km parcourus en voiture (Skoda Roomster !) et autant en avion (4 Boeing 737).
J’ai écris mon road book avec le crayon de l’hôtel « Oasis Canoa » que j’avais récupéré en République Dominicaine. Par hasard.
M’ont accompagné dans ce voyage : Charlie Winston, Thierry Amiel, Francis Cabrel (dont j’avais ressorti un vieux album live), Gustav Malher, et le livre de Samuel Blanc. Je ne remercie pas les radios nord-norvégiennes dont la programmation musicale est quasi inexistante, et bloquée dans les années 80 ! Je n’avais pas mon câble pour connecter mon iPod à l’autoradio. grrrrrrr…
Conclusion
29 juin. Ca fait donc 3 jours que je suis rentré. Il fait une chaleur horrible dehors ! Samedi après-midi, à Oslo, j’ai transpiré toute la journée, et il ne faisait que 25°C au soleil ! Autant dire qu’une fois à Salon, alors qu’il fait 30°C à l’ombre encore aujourd’hui, j’ai un peu de mal à respirer. Mais c’est l’affaire de quelques jours seulement, le temps de s’habituer de nouveau.
Dès dimanche, j’ai vidé mon sac de voyage, fait sécher la tente etc
Petit pincement au cœur au moment où j’ai rangé le guide du routard avec les autres. Cette expédition était un véritable rendez-vous avec la nature et les éléments. La pluie, le froid, le vent, les fjords, la mer, la toundra, en résumé : des paysages magnifiques. Les nombreux petits villages de pêcheurs qui sont plein de charme, avec ses maisons et cabanes sur pilotis, en bois peint en rouge. Ces églises au milieu de nulle part, sur la route du Cap Nord. Les Fjords aux sommets enneigés. L’omniprésence de l’eau partout. Les cascades qui dévalent les massifs. Les mouettes, goélands et autres huitriers, et bien sûr, les rennes. Je n’ai malheureusement pas vu de macareux-moines ni d’élans.
Et le Cap Nord alors ! Grand moment. Tout d’abord, il y a la déception d’arriver dans le brouillard. Puis cette impression un peu vertigineuse de se trouver au bord de cette falaise sans rien voir. J’imagine alors une personne arriver ici dans ce brouillard, il y a quelques siècles en arrière, alors que la terre était soi-disant plate. Elle aurait sans aucun doute pensé être au bord du monde. Après ce roc, plus rien. Il n’y a plus de paysage. Le mur blanc de cet épais brouillard infini. Mais d’un coup, et à une vitesse impressionnante, le voile se lève, laissant apparaître l’océan. Au pied de cette falaise, il y a de l’eau à perte de vue. La côte rocheuse totalement dévêtue, s’arrête là. Nous sommes au bout de l’Europe.
Et que dire aussi de ce soleil de minuit qui aura attendu l’avant dernier jour pour se montrer. Ce soleil illuminant la mer de Norvège au bord de laquelle je me trouvais à ce moment-là.
Le bord du monde, le soleil qui ne se couche jamais, la nuit qui ne vient pas, le froid et la pluie. Une aventure merveilleuse pour des vacances pas tout à fait ordinaires.
La Terre est ronde. Et j’en suis certain, il y a quelque chose après cette falaise