Quand le Soleil disparaît…
Equinoxe, solstice, souvenez-vous !
- Equinoxe de printemps (21 mars) et équinoxe d’automne (21 septembre) : le jour et la nuit ont la même durée.
- Solstice d’été (21 juin) : le jour le plus long de la l’année
- Solstice d’hiver (21 décembre) : la nuit la plus longue
L’automne et l’arrivée de l’obscurité…
Le 21 septembre, équinoxe d’automne. Désormais, les nuits seront plus longues que les jours. Combien d’entre nous dépriment en écoutant Evelyne Dhéliat nous annoncer la perte de 1 à 4 min de soleil chaque jour depuis fin juin… Ce décompte durera jusqu’au 21 décembre. Ce jour-là, les parisiens n’auront alors que 8h d’ensoleillement. Mais les rayons du soleil n’atteignent pas la Terre de la même manière selon la latitude. Ne serait-ce qu’entre Marseille et Lille : la cité Phocéenne bénéficiera d’une heure de soleil en plus ! Et plus on se dirige vers le nord, et plus le soleil est bas, jusqu’à ne plus passer la ligne d’horizon au 66ème degré de latitude nord, le cercle polaire…
Alors, que se passe-t-il au-delà du cercle polaire ?
A Kiruna, à 200 km au-dessus du cercle polaire en Laponie Suédoise, le soleil brille durant 11h30 en ce 28 septembre, soit déjà 30 minutes de moins qu’à Marseille. Si nous perdons 3 ou 4 minutes de soleil par jour chez nous, ce sont 15 minutes de soleil qui disparaissent en Laponie. D’ici quelques semaines, le soleil aura fait briller son dernier petit rayon sur cette région. Viendra alors la nuit polaire.
Fait-il nuit noire pour autant ?
Oui et non. Là encore, tout dépend de la latitude à laquelle on se trouve. Plus on s’éloigne du cercle polaire en direction du nord, plus il fait nuit. Une lumière crépusculaire, qui offre de magnifiques couleurs aux paysages, apparaîtra durant quelques instants voire quelques heures dans la journée au niveau du cercle polaire. Au pôle, il fera nuit noire. Cependant, l’arrivée de l’hiver en région polaire marque le retour d’un phénomène qui attire beaucoup de curieux (moi le premier) : les aurores boréales…
Comment vit-on dans la nuit polaire ?
J’ai demandé à mes amis, Annette et Pascal, qui vivent à Kiruna, de répondre à cette question.
Annette : C’est une question que beaucoup se posent.
A la latitude de Kiruna, la véritable nuit polaire est d’environ 25 jours, pendant lesquels le soleil ne se lève pas. Nous vivons sans soleil. Novembre et janvier offrent des périodes de jour vraiment courtes, avec des couleurs magnifiques. En fait, chaque activité est calquée sur la période lumineuse de la journée. Globalement, les gens sortent très peu. C’est une période de repli, bien au chaud dans les maisons, au retour du travail.
La nuit polaire se vit différemment selon que l’on vit en ville ou dans la nature. En ville, nous sommes uniquement en contact avec les lumières artificielles. Dans la nature, c’est différent. La neige crée de la luminosité, et nous sommes en contact direct avec ce peu de lumière. C’est une ambiance très spéciale.
Vient ensuite la partie plus personnelle de l’expérience, c’est à dire notre capacité à appréhender la nuit polaire. Pour ma part, le début de la nuit polaire s’accompagne généralement de somnolence dès la fin du repas de midi. Il ne faut surtout pas s’assoir dans le salon ou lire, car c’est le sommeil assuré. Dans les maisons, nous vivons avec la lumière électrique en permanence. Je me sens en recherche constante de lumière, ce qui me fait comprendre le pourquoi de toutes ces petites lampes allumées aux fenêtres des maisons et des appartements. C’est comme un besoin, comme une flamme de vie dans la nuit. Psychologiquement, on se sent un peu fragile.
La première nuit polaire que j’ai vécue a été plus que magique pour moi. C’est une chose difficile à expliquer. Il faut le vivre.
Cette année-là, lorsque la nuit polaire s’est éloignée, j’étais vraiment très heureuse de revoir le soleil, c’était comme une renaissance. Mais en même temps, je me souviens parfaitement avoir ressenti une profonde nostalgie de quitter ce cocon extraordinaire que sont ces ambiances feutrées et si particulières.
Pascal : Pendant la nuit polaire, la vie continue presque normalement dans sa globalité, travail/maison. Progressivement, nous apprenons à vivre sans soleil. Dans des journées de plus en plus courtes, avec des lumières de plus en plus pâles.
Nous sommes en empathie avec la nature, et comme elle, nous nous sentons un peu endormis, avec des périodes de sommeil plus longues. Ce qui est normal, puisque l’obscurité libère la mélatonine sécrétée par l’épiphyse, une petite glande située dans le cerveau. Cette mélatonine déclenche le sommeil.
A l’inverse, pendant le jour permanent, nous devons nous structurer, car nous n’avons pas vraiment sommeil.
Pendant cette période de nuit polaire, nous vivons très souvent en décalage, pour profiter du moment de lumière. Il peut arriver que l’on prenne notre repas vers 15h, au retour d’une balade.
L’absence de soleil génère chez moi un manque, qui agit sur le moral. Je ressens moins de gaieté. En fin de nuit polaire, j’ai vraiment hâte que le soleil revienne, et que la durée du jour augmente.
Retrouvez Annette et Pascal chez www.terre-des-sames.com. Merci pour leur témoignage.
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